2019-07-12

"Le bug humain" De Sébastien Bohler



"Le bug humain"

Robert Laffont, 2019





Plus qu’un moment critique nous vivons une véritable tragédie. Surpopulation, surpoids, surproduction, surconsommation, surchauffe, surendettement, nous avons basculé dans l’ère de tous les superlatifs qui mène l’humanité tout droit à sa perte. Si la capacité des ressources de la planète sont comptées, alors nos jours aussi le seront… Inéluctablement.

Mais alors que la situation empire heure après heure, aucune réponse collective tangible ne vient. Nous voyons le mur se rapprocher et nous ne faisons rien. La conscience de ce qui nous attend ne semble avoir aucun effet sur le cours des événements. 

Pourquoi ?
Sébastien Bohler docteur en neuroscience et rédacteur en chef du magazine _Cerveau et psycho _apporte sur la grande question du devenir contemporain un éclairage nouveau, dérangeant et original. Pour lui, le premier coupable à incriminer n’est pas l’avidité des hommes ou leur supposée méchanceté mais bien, de manière plus banalement physiologique, la constitution même de notre cerveau lui-même.

Au cœur de notre cerveau, un petit organe appelé striatum régit depuis l’apparition de l’espèce nos comportements.  Il a habitué le cerveau humain à poursuivre 5 objectifs qui ont pour but la survie de l’espèce : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, étendre son territoire, s’imposer face à autrui. Le problème est que le striatum est aux commandes d'un cerveau touours plus performant (l’homme s‘est bien imposé comme le mammifère dominant de la planète) et  réclame toujours plus de récompenses pour son action. Tel un drogué, il ne peut discipliner sa tendance à l’excès. À aucun moment, il ne cherche à se limiter.

Hier notre cerveau était notre allié, il nous a fait triompher de la nature. Aujourd’hui il est en passe de devenir notre pire ennemi.          




LA GRANDE TABLE IDÉES par Olivia Gesbert
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Pourquoi notre cerveau n’est pas écolo ?:



Surconsommation, suralimentation, addictions… Notre cerveau nous pousserait à détruire la planète au nom du plaisir immédiat. C'est la thèse que défend Sébastien Bohler dans son dernier essai : "Le bug humain." (Robert Laffont, 2019).





Ils sont nombreux les rapports et les constats qui nous alertent sur la fin du monde, entre fonte glacière et montée de eaux. Nous sommes tous conscients du désastre à venir. Mais, bien que toutes ces informations soient à portée de main, nous n’abandonnons pas nos habitudes néfastes, toujours attachés à nos smartphones et à nos pratiques polluantes. 


C’est cette contradiction, ce « bug » humain, qui a inspiré Sébastien Bohler. Docteur en neurosciences, chroniqueur dans l'émission « La Tête au carré » sur France Inter et dans « 28 minutes » sur Arte, directeur de la revue Cerveau & Psycho, il nous parle de cette incohérence permanente dans Le bug humain. Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l'en empêcher (Robert Laffont, 2019). 
Selon lui, tout partirait du cerveau. Instrument ambivalent à l'origine de nombreux progrès, celui-ci est également le lieu du striatum, qui provoque la sensation de plaisir immédiat. Utile pour la survie, car encourageant à consommer, se reproduire ou s'assurer un statut social qui garantisse la supériorité de l'individu sur le court terme, comme c'était le cas pour nos ancêtres, le striatum est aujourd'hui la cause de notre difficulté à penser sur le long terme. 
Le cerveau est l'objet le plus complexe de l’univers. C'est la prochaine "terra incognita". [...] On n'aurait jamais réussi à détruire le monde sans cette intelligence incroyable...                        


(Sébastien Bohler)

Suralimentation, surconsommation matérielle, addiction aux films pornographiques, aux jeux-vidéos et aux réseaux sociaux... autant de désirs motivés par notre striatum, substrats de ce temps passé, le besoin de survivre en moins. Si nous préférons combler des désirs immédiats, fixés dans l'ici et le maintenant, plutôt que de penser aux conséquences de nos choix, ce ne serait donc pas tant notre faute que celle de notre cerveau.
Tant que notre liberté est uniquement celle de consommer, de rouler au charbon et de polluer autant qu'on veut, c'est un esclavage.                  


(Sébastien Bohler)

Si Sébastien Bohler nous livre un constat assez pessimiste quant à nos comportements à venir, il montre que l'individu peut être éduqué au long terme et à des plaisirs non néfastes :  l'altruisme, par exemple, réveille le circuit de la récompense autant que l’égoïsme. Le striatum peut ainsi être domestiqué en jouant sur le sentiment de reconnaissance des individus, non plus en fonction de ce qu'ils possèdent, mais de ce qu'ils partagent et de l'attention qu'ils portent aux autres.
La notion de profondeur de la mémoire et de transmission va devenir essentielle : on s'adapte à tout malheureusement. [...] Il faut continuer à dire aux enfants qu'autrefois, sur les routes, on avait des insectes sur le pare-brise.              


(Sébastien Bohler)

On vit dans la traînée terminale d'un monde qui n'a plus de sens.        


(Sébastien Bohler)

Aujourd’hui, le temps long est inexistant. Il ne peut pas faire concurrence à tous ces distracteurs dont nous sommes entourés.      


(Sébastien Bohler)



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