2012-06-25

contrôle total

Vers le système de contrôle total

Un nouv
el ouvrage d'Alain Cardon téléchargeable ici au format pdf.Attention : cet ouvrage est placé sous licence Creative Commons [obligation de citer le nom de l'auteur, utilisation commerciale interdite, modifications interdites].





Vers le système de contrôle total
INTRODUCTION (extrait)

Il n'est pas facile de prendre conscience de l'état réel du monde et de ce vers quoi nos sociétés se dirigent. Il faut disposer de très nombreux éléments d'analyse objectifs et précis permettant de disposer des bonnes catégories conceptuelles à partir desquelles on peut ensuite donner les mesures et les évolutions. Cela, des scientifiques savent en produire, car c'est leur métier.Mais il faut aussi un besoin venant de soi-même, de ses valeurs, pour se placer à un tel niveau de décalage par rapport aux habitudes et au conformisme, un niveau bien inconfortable. Il faut se mettre en décalage et même en rupture par rapport à la facilité si agréable que procure le monde économique envahi de produits à acquérir et à consommer sans cesse. Il faut prendre le chemin d'un certain renoncement, un chemin vers la sagesse. 

Il faut bifurquer donc, et secouper de l'usage et de la vie commune où le temps est sans futur envisagé. Notre monde familier était, il y a cinquante ans, un déploiement colonial dans l'espace alors disponible pour ce type d'emprise. Puis, après un temps de guerres mondiales, il est devenu un monde global de mouvements économiques intenses, de surpeuplement, d'usage systématique de toutes les ressources, avec les guerres locales continues. Ce monde immense est engagé, par déval et sans bien le comprendre ni le vouloir vraiment, vers une possible disparition de l'homme humain et stable, qui vivait le temps de sa vie en
cohérence forte avec l'évolution lente et adaptée de ses sociétés.

Il ne s'agit pas de retourner vers les sociétés traditionnelles pré-industrielles que les anthropologues ont longuement étudiées et où l'homme semblait en très bonne harmonie dans son groupe social limité. Il s'agit de faire bifurquer, je dis bien bifurquer, notre société où la technologie envahissante submerge complètement l'homme et devient trop dangereuse, vers une société qui se déploie à l'échelle de l'homme, où celui-ci gardera sa mesure, retrouvera partout un monde à sa main et vivra dans un voisinage fraternel, en cessant d'être un atome statistique dans l'espace indéfini d'une chaîne de production consommation- destruction mondialisée. 

Alors je vais centrer mon propos sur un péril de nos sociétés actuelles, le péril que la technologie informatique va permettre, c'est-à-dire la création de la conscience artificielle qui pourrait placer chacun de nous comme un composant utilitaire supervisé par un réseau virtuel mondial autonome. Ce propos est-il de la science-fiction ? Mais non, ce n'est pas une chimère, car j'ai travaillé sur la construction de ce système méta capable de penser artificiellement en disposant d'un corps multiple artificiel, et je n'ai pas décidé d'interrompre totalement mes travaux de recherche par hasard. Le domaine des systèmes informatiques a énormément évolué depuis les débuts de l'informatique, il y a un peu plus soixante ans. Il va aujourd'hui vers une rupture sans que cela soit vraiment compris ni mesuré. 

Nous allons en effet  vers l'autonomie des systèmes informatisés par rapport à leurs utilisateurs, pour que tous ces systèmes, en connexion maximale entre eux, forment un système au-dessus de l'homme. Celui-ci ne sera alors plus qu'un composant local, dominé. Ceci n'est hélas pas de la science-fiction, mais c'est simplement le résultat de l'évolution d'une science puissante, avec très peu de conscience, dans un monde submergé par la technique et où tout ce qui est faisable est fait, du moment que ce soit vendable à un acheteur quelconque.

J'ai donc décidé, après un long cheminement de recherches et d'interrogations, de poser publiquement le problème du choix de la réalisation ou du refus de réalisation d'un système qui pourra générer intentionnellement des pensées artificielles [Cardon Alain]. Cette position peut être comprise comme négative, mais l'état du monde n'en supporte hélas pas d'autre. 

Un système psychique artificiel, le correspondant d'un cerveau qui génère intentionnellement des pensées mais qui utilise un corps artificiel fait d'innombrables composants électroniques répartis où l'on veut dans le monde physique, offre des applications éthiques peut-être magnifiques, en déployant le principe de liberté comportementale du vivant, mais il permet aussi des applications vraiment très sombres. Il peut être un système général d'observation et d'analyse distribué dans les ordinateurs eux-mêmes, pour former une immense trame communicationnelle opérant pour son propre compte, pour analyser et modifier ce qu'il saisit continuellement, c'est-à-dire toutes les informations. Ainsi, il pourrait suivre les déplacements des personnes, analyser les informations échangées par téléphone, toutes les informations échangées via Internet, toutes les informations sous forme numérique générées par les activités humaines, pour éventuellement les modifier et pour en commander. 

Ce point sera développé dans le chapitre 5. Ce système qui penserait pour lui-même sur les choses que son corps artificiel lui permet de voir et que sa mémoire lui permet d'identifier, aura des tendances qu'on lui aurait données. Il interpréterait toutes les informations, produirait alors, surtout s'il est doté d'un profil psychologique adapté, le plus formidable système de surveillance et de contrôle des activités humaines. Mais ce système pourrait aussi être, selon les choix de sa réalisation, le système de libération des hommes devant les systèmes hiérarchiques centralisés, manipulateurs, dévolus à un ordre contraignant, comme il en existe tant. 

Ce choix est fondamental et je me dois de le poser devant les citoyens. Je suis un simple chercheur et je sais bien que d'autres chercheurs dans le monde ont évidemment abouti aux mêmes résultats. Et s'ils travaillent dans le cadre de la confidentialité, ils les exploiteront sans état d'âme, pour le pire et en ne se rendant pas compte de l'ampleur des applications, car tel est le caractère majeur de la société actuelle : le déval et le fonctionnement localisé de chacun dans l'immédiateté, sans penser l'avenir dans son ampleur avec raison et humanisme.


 L'informatique des systèmes peut aujourd'hui rencontrer les modèles de systèmes psychiques. Je vais présenter le cheminement qui mène à la compréhension du fait de générer des représentations intentionnelles ressenties par un organisme artificiel dont le corps est constitué de tout ce qui manipule de l'information numérisée. Pour cela, il est nécessaire d'aborder le problème profond de la raison qui engage à produire de la pensée et qui est, pour nous humains sur la Terre, la raison qui nous pousse à penser à notre monde, à notre existence, à nos valeurs et à notre essence. Pourquoi pensons-nous, finalement, nous humains et qu'est-ce que penser ? Nous donnerons une réponse constructiviste, simplement, ce qui est le plus raisonnable dans notre époque difficile.

Je vais d'abord présenter l'état du monde où se pose le problème de la création d'un système artificiellement conscient, pour clairement poser les conséquences de sa mise en oeuvre. Aucune découverte scientifique ne reste que théorique si elle peut être utilisée dans des domaines techniques et peut trouver des applications pour être vendue sur des marchés. Dans notre monde, le domainedes applications d'un tel système est vraiment problématique, et nous allons évoquer les systèmes de surveillance actuels, ces systèmes fonctionnels très puissants, basés sur la rationalité et utilisant l'informatique de manière prépondérante. Et nous allons poser clairement le problème de l'unification de ces systèmes de surveillance avec un méta-système autonome capable de décisions intentionnelles bien motivées. Nous souhaitons poser le problème de la construction d'un tel système pour l'évolution de nos sociétés, en sachant que si ce système était déployé en utilisant tous les systèmes de fichage et de surveillance, cela n'aurait plus rien d'un outil technique, définitivement, et il serait très difficile de revenir en arrière et de parler librement de la liberté.


extrait de :
Vers le système de contrôle total

Un nouv
vel ouvrage d'Alain Cardon téléchargeable ici au format pdf.Attention : cet ouvrage est placé sous licence Creative Commons [obligation de citer le nom de l'auteur, utilisation commerciale interdite, modifications interdites].


2012-06-21

L'histoire commence à Sumer

L'histoire commence à Sumer Il y a plus de trente ans, l'auteur de ce livre, savant de notoriété internationale, révélait au grand public la civilisation sumérienne, née en Mésopotamie, le sud de l'actuel Irak, voici quelque cinq mille ans. Le miracle grec avait un précédent. Dès le troisième millénaire avant Jésus-Christ, les Sumériens avaient inventé l'écriture, fondé les premières cités-Etats, formulé les premiers codes de lois, donné leur première expression littéraire au mythe et à l'épopée, avec un lyrisme qui annonce les plus beaux textes de l'Ancien Testament. Pour une fois, les linguistes, infatigables, avaient précédé les archéologues et suggéré les fouilles qui devaient, avec la transcription des briques gravées de caractères cunéiformes, révéler au XXe siècle, stupéfait, que l'histoire commence à Sumer.






Mésopotamie L'écriture,la raison, et les dieux


  • GALLIMARD (EDITIONS)

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  • BROCHÉ

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  • PARU LE : 16/09/1997


Nos ancêtres les Mésopotamiens ont inventé l'écriture, et, grâce à elle, jeté un nouveau regard sur l'univers autour d'eux, mis au point une nouvelle



manière de le penser, de l'analyser, de l'ordonner, comme ne l'aurait jamais permis la simple tradition orale - les propres linéaments de ce qui, repris, approfondi et systématisé par les Grecs, est devenu notre rationalité, la véritable armature de notre Science. 


A la recherche des dernières raisons d'être de cet univers et de l'ultime sens de notre existence d'hommes, ils ont édifié toute une somptueuse et savante mythologie, qui annonce déjà, sur plus d'un point, ce dont Israël, inventeur du monothéisme, composera sa " théologie ", laquelle est encore la nôtre, même quand nous cherchons à nous en débarasser - ce qu'a rappelé Jean Bottéro dans " 

La plus vieille religion. 

En Mésopotamie " (Folio Histoire n°82). Ils sont au propre berceau de notre Occident et de sa civilisation, qui, pour l'heure, a presque entièrement conquis le monde. 

Après " Naissance de Dieu. La Bible et l'historien " (Folio Histoire n°49), qui étudiait les origines d'un des traits les plus marquants et singuliers de cette civilisation, Jean Bottéro a voulu remonter plus haut, dans la même ligne, jusqu'à l'extrême horizon de l'Histoire ( qui commence, en effet, à Sumer, puisque l'écriture et le document y sont nés - et, dans l'énorme trésor des tablettes cunéiformes, jusqu'ici inventoriées par les seuls gens de métier comme lui, pour découvrir d'autres balbutiements plus archaïques de notre propre philosophie.