2024-11-11

"Démocratie et totalitarisme" : un cours de Raymond Aron

  


"Démocratie et totalitarisme" : un cours de Raymond Aron 3/19 : "Il n'y a jamais de gouvernement par le peuple, il y a éventuellement des gouvernements pour le peuple".

  
(lère diffusion : 06/01/1958 Radio Sorbonne)

Pour ce troisième cours donné au tout début
de l'année 1958, Raymond Aron expose en
quoi consiste la compréhension des institutions
politiques.

 Revenant sur le cours précédent, Raymond Aron insiste sur le caractère illusoire du régime le meilleur : "La question du régime le meilleur ne peut se poser qu'à un niveau relativement élevé d'abstraction, dans chaque société les particularités des institutions doivent être adaptées aux spécificités d'une évolution historique singulière."
Raymond Aron propose alors de chercher les fonctions essentielles de tout ordre politique puis de définir les caractéristiques majeures de la fonction administrative et de la fonction politique dans nos sociétés modernes.

Extrait

 Il en arrive à distinguer le fonctionnaire du politique : " 

Le fonctionnaire est un professionnel, l'homme politique un amateur. Le fonctionnaire est choisi selon des règles précises, l'homme politique élu. Les régimes démocratiques occidentaux sont des régimes d'experts sous la direction d'amateurs." 

"Les détenteurs de l'autorité politique sont dans nos sociétés, une élite particulière séparée des autres élites sociales et recrutée selon des procédés tels, que des petits hommes, petits au point de vue fortune et au point de vue social, peuvent exercer de grandes fonctions."

• Par Raymond Aron

• Radio Sorbonne \- Théories sociologiques des démocraties, aspect politique des sociétés modernes par Raymond Aron 3/19

(lère diffusion : 06/01/1958 Radio Sorbonne)

• Archive Ina\-Radio France

Lien livre 

Walter Lippmann par Bruno Latour

 


Le Public fantôme", de Walter Lippmann : la déroute des citoyens

Le citoyen d'aujourd'hui se sent comme un spectateur sourd assis au dernier rang : il a beau être conscient qu'il devrait prêter attention aux mystères qui se déroulent là-bas sur la scène, il n'arrive pas à rester éveillé." Ce "spectateur sourd", écrit le grand commentateur politique américain Walter Lippmann, c'est le citoyen déboussolé de la "grande société" qui succéda, au tournant du XXe siècle, aux anciennes communautés locales. C'est le paysan du Midwest découvrant dans la presse que l'assassinat d'un archiduc à Sarajevo le conduit dans les tranchées d'Europe. C'est peut-être encore l'homme du XXIe siècle, sommé de prendre position sur la crise financière ou la guerre en Afghanistan tout en sachant intimement qu'il n'en a pas les moyens.

Telle est en effet la thèse centrale de ce texte fameux, publié une première fois aux Etats-Unis en 1925 : le monde est devenu trop complexe pour que le "public" puisse s'en emparer, le discuter, se faire une opinion à son propos. Pour que naisse, en somme, le citoyen éclairé imaginé par la démocratie libérale progressiste à laquelle Lippmann lui-même adhéra dans sa jeunesse. Sous l'effet de la mondialisation des échanges économiques et de la complexification des interdépendances politiques, le nombre des "problèmes" qui se posent au public augmente, nous dit Lippmann. Pire : la capacité du public à les résoudre diminue.

https://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/09/le-public-fantome-de-walter-lippmann_1104809_3260.html