2024-09-19

dénoncer l'hypocrisie et de questionner la vérité

   



Voici les œuvres "Les Provinciales" de Pascal Blaise et "L'Art du mensonge politique" de Jonathan Swift présentent des similitudes intéressantes, notamment dans leur approche critique des mœurs et des institutions.


1. Critique de l'hypocrisie

Dans "Les Provinciales", Pascal critique les jésuites et leur manière de défendre des positions morales douteuses sous couvert de rationalité et de spiritualité. Swift, dans "L'Art du mensonge politique", dénonce également l'hypocrisie des politiciens et leur manipulation de la vérité pour servir leurs intérêts.


2. Utilisation de la satire : 

Les deux auteurs emploient la satire pour exposer les travers de leur époque. Pascal utilise le dialogue et l'argumentation pour mettre en lumière les incohérences des jésuites, tandis que Swift utilise un ton plus mordant et ironique pour critiquer les abus de pouvoir et la manipulation politique.


3. Réflexion sur la vérité et le mensonge :

Pascal s'interroge sur la vérité dans le contexte de la foi et de la raison, tandis que Swift explore la nature du mensonge dans le domaine politique. Tous deux soulignent les dangers de la manipulation de la vérité, que ce soit dans la religion ou dans la politique.


4. Engagement intellectuel : 

Les deux œuvres montrent un engagement fort des auteurs envers les questions éthiques et sociales de leur temps. Pascal défend une vision de la foi éclairée par la raison, tandis que Swift appelle à une prise de conscience critique des pratiques politiques.


En somme, bien que leurs contextes soient différents, "Les Provinciales" et "L'Art du mensonge politique" partagent une volonté de dénoncer l'hypocrisie et de questionner la vérité à travers la satire, en mettant en lumière les abus de pouvoir et les manipulations intellectuelles.

C2ki


Info archive :

Lire 

https://archive.org/details/lesprovinciales

https://blaisepascal.bibliotheques-clermontmetropole

https://www.anthologialitt.com/post/jonathanswift-l-artdumensongepolitique

Info plus 

https://hal.science/hal-04399610v1/file/Proteus18.pdf

2024-08-29

La fabrique de l'homme occidental Pierre Legendre



Pourquoi l’interdit ? Pourquoi les lois ? Qu’est-ce que l’État ? Comment séparer le juste de l’injuste ? État, Religion, Révolution, Progrès, ces artifices sont emportés dans le déchaînement du Management scientifique promis à la terre entière. 

La peur de penser en dehors des consignes a fait de la liberté une prison. Philosophe, historien du droit et des institutions, Pierre Legendre explique avec lucidité comment l’homme raisonnable organise le monde pour tenter d’échapper à l’abîme de son origine introuvable, ce mur de nuit auquel il s’adosse.

Source texte  Fayard

cliquez ici 



CoursLe Gouvernement de soi et des autres : le courage de la vérité Michel Foucault 1984

Le cours intitulé « Le courage de la vérité » est le dernier que Michel Foucault aura prononcé au Collège de France, de février à mars 1984. Il meurt quelques mois plus tard, le 25 juin. 

Cours 1

Ce contexte invite à entendre dans ces leçons un testament philosophique, d’autant plus que le thème de la mort est très présent, notamment à travers une relecture des dernières paroles de Socrate (« Criton, nous devons un coq à Esculape ! »), que Foucault, avec G. Dumézil, comprend comme l’expression d’une profonde gratitude envers la philosophie, qui guérit de la seule maladie grave : celle des opinions fausses et des préjugés. 

Ce cours poursuit et radicalise des analyses menées l’année précédente. Il s’agissait alors d’interroger la fonction du « dire-vrai » en politique, afin d’établir, pour la démocratie, un certain nombre de conditions éthiques irréductibles aux règles formelles du consensus : courage et conviction. Avec les cyniques, cette manifestation du vrai ne s’inscrit plus simplement à travers une prise de parole risquée, mais dans l’épaisseur même de l’existence. Foucault propose en effet une étude décapante du cynisme ancien comme philosophie pratique, athlétisme de la vérité, provocation publique, souveraineté ascétique. Le scandale de la vraie vie est alors construit comme s’opposant au platonisme et à son monde transcendant de Formes intelligibles.

« Il n’y a pas d’instauration de la vérité sans une position essentielle de l’altérité. La vérité, ce n’est jamais le même. Il ne peut y avoir de vérité que dans la forme de l’autre monde et de la vie autre. »

Ce résumé est publié avec l'aimable autorisation des éditions du Seuil. Il est tiré de la quatrième de couverture de l'ouvrage Le Courage de la vérité. Le gouvernement de soi et des autres II. Cours au Collège de France (1983-1984) de Michel Foucault, paru le 22 janvier 2009.

Source 

https://www.college-de-france.fr/


2024-08-26

La responsabilité intellectuelle



Julien Benda, dans La Trahison des clercs, en appelle à la responsabilité de l’intellectuel. Il défend une autonomie des valeurs absolues comme le vrai, le beau et le bien, indépendantes des variations historiques. Pour cela, il réfléchit à la différenciation entre les différents types de valeurs : valeurs esthétiques, valeurs morales, valeurs politiques et se positionne contre la philosophie de son temps et en particulier contre le vitalisme de Bergson.

Son ouvrage est incompris et vivement critiqué par les intellectuels à sa publication. Il apparaît, de façon caricaturale, comme un auteur qui s’oppose à l’engagement en demandant aux intellectuels de s’abstraire du monde, explique Pascal Engel. 

Pourtant, sa thèse est plus subtile. Il s’oppose à l’engagement tel que théorisé par Sartre qui prône un engagement pour l’engagement. Benda ne veut pas que les intellectuels se désengagent mais qu’ils ne perdent pas de vue que leur engagement doit être guidé par la boussole de la raison dont les points cardinaux sont les valeurs intangibles.

Julien Benda a une « passion de la raison » selon la formule de Pascal Engel c’est-à-dire qu’il n’y a pas de contradiction pour lui entre la raison et les émotions.

Bibliographie indicative :
Julien Benda, La Trahison des clercs, Grasset

Pascal Engel, Les Loi de l’esprit. Julien Benda ou la raison, Ithaque, 2012

Pascal Ory, Les intellectuels en France, Tempus Perrin, 2004


Monde Diplomatique janvier 1996 page 10

2024-07-25

La méritocratie en mai 2033


Mai 2034 ! L’an dernier, à pareille époque, grèves, émeutes et attentats ont secoué l’Angleterre et l’ont plongée dans la stupeur. Une coalition bizarre et disparate est à l’origine de ces troubles dont le premier anniversaire doit être marqué par une grève générale : faut-il attendre la fin de la Méritocratie ?

Pour essayer de prévoir ce qui va se passer, pour comprendre ce qui s’est passé, un sociologue retrace les étapes d’uné évolution qui, de la fin du XIXe siècle au début du XXIe, a permis au pouvoir de l’intelligence de remplacer peu à peu celui de la naissance, de l’argent ou de l’âge. Comment en est-on venu à mettre en cause les droits du talent ? Quelle société plus juste pourtant, et plus rationnelle, que celle où la seule hiérarchie est celle des aptitutdes ? Et comment éviter que l’égalité absolue des chances au départ n’aboutisse à une inégalité sociale plus tranchée qu’elle ne le fut jamais ?

Écrite en 1958, cette satire de prospective rétrospective pose tous les problèmes de l’égalité dans l’éducation, des hiérarchies dans la société. La verve avec laquelle l’auteur supposé traite de son passé, et notre avenir, n’en doit point cacher le sérieux.
Source texte

Michaël Young, né en 1915, d'abord directeur de la planification politique et économique durant la guerre, puis secrétaire du département de recherches du Labour Party, n'est venu à la sociologie qu'aux approches de la quarantaine. || dirige actuellement, à Londres, l'Institute of Community Studies, qu'il a fondé en 1953. Il est également à la tête, depuis leur création, de l'Association des consommateurs et du Centre consultatif pour l'éducation.

Michaël Young a présidé le Conseil de la recherche en sciences sociales (1965-1968) et a enseigné à l'université de Cambridge (1961-1966).

Publications : Family and Kinship in East London (en collaboration avec Peter Willmott; 1957); The Rise of the Meritocracy (1958); Family and Kinship in a London Suburb (en collaboration avec P. Willmott; 1960) /nnovation and Research in Education (1965); Learning Begins at Home (en collaboration avec Patrick McGeeney ; 1968); Forecasting and the Social Sciences (comme éditeur, 1968).

L'opium des intellectuels de Raymond Aron

 "L'Opium des intellectuels" est une œuvre majeure qui appelle à une réflexion profonde sur le rôle des idées et des intellectuels dans la société. Raymond Aron exhorte les penseurs à une éthique de la responsabilité et à une approche lucide face aux séductions des idéologies.


La principale thèse développée par Raymond Aron dans "L'Opium des intellectuels" est la suivante :

Les intellectuels, notamment ceux de gauche, sont trop souvent aveuglés par leur fascination pour les idéologies révolutionnaires, en particulier le marxisme et le communisme, au point de perdre leur sens critique et leur capacité à percevoir la réalité politique et sociale telle qu'elle est.

Aron soutient que cette attitude des intellectuels relève d'une forme d'"opium" idéologique, qui les empêche de voir les contradictions, les dérives et les réalités brutales des régimes communistes, tout en les poussant à justifier ou à minimiser les excès de ces régimes.

Selon Aron, les intellectuels ont une responsabilité particulière dans la société, celle de maintenir un esprit critique et de résister aux sirènes des utopies politiques. Ils doivent faire preuve de lucidité et de modération, plutôt que de se laisser entraîner dans les excès idéologiques.

La thèse centrale d'Aron est donc une critique de l'aveuglement idéologique des intellectuels, qu'il considère comme une forme de "drogue" les empêchant d'avoir une vision réaliste et nuancée des enjeux politiques de leur époque. Son appel est celui d'un retour à la raison et à la responsabilité intellectuelle. 


**Résumé :**

1. **Contexte et Objectif :**
   Raymond Aron entreprend une analyse critique des attitudes et des opinions des intellectuels de son époque, surtout ceux affiliés à la gauche et fascinés par les promesses des régimes communistes.

2. **Critique du Marxisme :**
   Aron explore les fondements du marxisme et dénonce ce qu'il considère comme des illusions et mythes. Il analyse l'idée de révolution prolétarienne et la conviction marxiste selon laquelle l'histoire se dirige inexorablement vers le communisme. Pour Aron, ces idées relèvent plus de la foi aveugle que de la science.

3. **Idéologie et Réalité :**
   L'auteur établit une distinction entre l'idéologie communiste et la réalité des régimes qui s'en revendiquent. Il souligne le décalage entre les aspirations égalitaires et humanistes du communisme et la réalité des régimes totalitaires, caractérisés par la répression et l'absence de liberté.

4. **L'Opium Métaphorique :**
   Le titre du livre, "L'Opium des intellectuels", fait écho à la célèbre phrase de Karl Marx qui décrivait la religion comme l'opium du peuple. Aron suggère que l'idéologie communiste, de même que la religion, agit comme un opium, intoxiquant les intellectuels et les aveuglant aux réalités politiques et sociales.

5. **Critique de l'Engagement :**
   Aron critique l'idée de l'engagement intellectuel à tout prix. Il dénonce le dogmatisme et l'aveuglement politique qui conduit certains penseurs à justifier ou ignorer les exactions commises au nom d'une idéologie.

6. **Appel au Réalisme :**
   Pour Raymond Aron, les intellectuels doivent adopter une attitude critique et lucide, fondée sur le scepticisme raisonnable et la recherche de la vérité. Il plaide pour un esprit de modération et de réflexion plutôt que pour les excès idéologiques.

**Analyse et Explications :**

- **Critique de l'Utopisme :** Aron met en garde contre les dangers des utopies politiques qui, bien qu’attractives, peuvent mener à des dérives totalitaires. Il montre comment les nobles idéaux peuvent être pervertis par la réalité du pouvoir.

- **Sociologie du Savoir :** 
Aron applique une perspective sociologique pour comprendre pourquoi tant d'intellectuels sont attirés par les idéologies radicales. Il explore comment le contexte culturel et historique influence les opinions politiques.

- **Liberté et Responsabilité :** 
Un thème central du livre est la responsabilité des intellectuels. Aron insiste sur l'importance de la liberté de pensée et la nécessité pour les intellectuels de ne pas sacrifier cette liberté sur l'autel d'une idéologie.

- **Actualité et Pertinence:** 
Bien que publié en 1955, "L'Opium des intellectuels" reste pertinent. Les critiques d'Aron peuvent être appliquées à de nombreuses idéologies contemporaines, soulignant l'importance de la vigilance intellectuelle et du scepticisme critique.

 "L'Opium des intellectuels" est une œuvre majeure qui appelle à une réflexion profonde sur le rôle des idées et des intellectuels dans la société. Raymond Aron exhorte les penseurs à une éthique de la responsabilité et à une approche lucide face aux séductions des idéologies.


Quels ont été les principaux arguments des intellectuels de gauche contre L'Opium des intellectuels


Les intellectuels de gauche ont donc vu en Aron un traître à leur cause, son analyse lucide dérangeant un aveuglement idéologique qu'il s'agissait de dénoncer. Ils ont réagi avec virulence contre ce qu'ils considéraient comme une trahison.

Citations :
[2] Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme de Raymond ... - Cairn https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2005-1-page-124.htm
[3] L'Opium des intellectuels de Raymond Aron | Résumé sur Dygest https://www.dygest.co/raymond-aron/l%27opium-des-intellectuels
[5] L'opium des intellectuels de l'Est - Persée https://www.persee.fr/doc/cmr_1252-6576_1994_num_35_4_2412



Voici quelques sources en ligne où vous pouvez trouver des informations sur « L'Opium des intellectuels » et sa réception


2.Article sur Raymond Aron :•Wikipedia - Raymond Aron




libéralisme économique ?


Le libéralisme économique est un ensemble de doctrines politiques et économiques, issu des Lumières, qui prône la liberté individuelle dans la sphère économique. Il soutient que l'économie de marché, fondée sur la propriété privée et la liberté d'entreprendre, est essentielle au bon fonctionnement économique, tout en limitant l'intervention de l'État

Ce courant a évolué, englobant des perspectives classiques, comme celles d'Adam Smith, et des approches néoclassiques qui reconnaissent certaines défaillances du marché tout en défendant le libre-échange[1][2][4].

Citations :
[1] Libéralisme économique - Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ralisme_%C3%A9conomique
[3] libéralisme | Définition - Perspective Monde https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire/1507
[4] Le libéralisme économique : atouts et limites | Cairn.info https://www.cairn.info/revue-l-europe-en-formation-2016-3-page-33.htm
[5] Histoire du libéralisme économique classique - Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_lib%C3%A9ralisme_%C3%A9conomique_classique


Comment le libéralisme économique influence-t-il les politiques économiques actuelles

Le libéralisme économique influence les politiques économiques actuelles en prônant la liberté de marché et la minimisation de l'intervention étatique. Les libéraux classiques, comme Adam Smith, soutiennent que l'économie fonctionne mieux sans régulation excessive, tandis que les néolibéraux reconnaissent certaines défaillances du marché, justifiant une intervention limitée de l'État pour protéger la concurrence et les droits de propriété[1][2]. Cependant, cette approche soulève des préoccupations concernant les inégalités croissantes, car le marché seul ne corrige pas ces disparités[1][4]. Les politiques économiques contemporaines cherchent donc un équilibre entre intervention et liberté de marché.

Citations :
[1] Le libéralisme économique : atouts et limites | Cairn.info https://www.cairn.info/revue-l-europe-en-formation-2016-3-page-33.htm
[2] Libéralisme économique - Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ralisme_%C3%A9conomique
[3] Politique économique et croissance - Persée https://www.persee.fr/doc/ecoap_0013-0494_1961_num_14_4_2650
[5] [PDF] le nationalisme économique dans l'œillère libérale https://ieim.uqam.ca/IMG/pdf/Cahier_Boulanger-0401.pdf


Quels sont les impacts du libéralisme économique sur les inégalités sociales.

Le libéralisme économique influence les inégalités sociales en favorisant une concentration des richesses et en limitant l'intervention de l'État pour corriger ces déséquilibres. Bien qu'il puisse stimuler la création de richesses, il tend à creuser les écarts entre les plus riches et les plus pauvres, entraînant un cercle vicieux d'inégalités cumulatives. Les inégalités économiques exacerbent les inégalités d'accès à l'éducation, à la santé et à l'emploi, rendant difficile l'ascension sociale pour les classes défavorisées[1][3][5]. Cette dynamique peut également générer des tensions sociales et menacer la stabilité politique[3].

Citations :
[1] Le libéralisme économique : atouts et limites | Cairn.info https://www.cairn.info/revue-l-europe-en-formation-2016-3-page-33.htm
[2] Libéralisme économique - Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ralisme_%C3%A9conomique
[4] Néo-libéralisme, inégalités et minorité : le poin… – Reflets - Érudit https://www.erudit.org/fr/revues/ref/2018-v24-n1-ref03982/1051519ar/
[5] Question 1. Les inégalités économiques et sociales et leur ... https://www.melchior.fr/cours/complet/question-1-les-inegalites-economiques-et-sociales-et-leur-evolution

2024-07-23

Un débat public biaisé en période de crise economique et sociale

                                                                  visual / getmerlin.in/fr/bonkers

Dans un contexte de crise économique et sociale profonde, il est alarmant de constater que la population française méconnaît largement une caractéristique majeure et décisive des textes fondateurs de la République ainsi que le fonctionnement de son administration étatique. Cette carence de connaissances interroge nos institutions, de l’école aux médias, en passant par l’enseignement supérieur et les discours politiques.

 Chaque responsable politique doit impérativement s’interroger sur la clarté et la pertinence de ses propos concernant ce sujet crucial. 

De même, les journalistes doivent se demander si leurs écrits et leurs interventions contribuent à éclairer les citoyens ou, au contraire, les maintiennent dans l’ignorance. Ce déficit d’information soulève des questions légitimes sur la transparence et la qualité du débat public dans notre démocratie.

Comment les citoyens peuvent-ils faire des choix informés alors qu'ils manquent des connaissances de base sur des sujets aussi fondamentaux ?  La responsabilité de cette situation incombe aux divers acteurs politiques, médiatiques et éducatifs. 

Il est primordial que la population française puisse accéder à une information fiable et exhaustive sur le fonctionnement de son gouvernement et sur les impacts réels des politiques publiques sur la vie quotidienne et l’économique du pays. 

 Seul un débat public nourri, transparent et honnête permettra de prendre des décisions à la hauteur des défis socio-économiques colossaux auxquels notre pays est confronté. Sans cela, le risque est grand de voir se perpétuer des inégalités croissantes et une perte de confiance accrue envers les institutions.

PW.Ai




PRÉAMBULE

Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par laDéclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de1946, ainsi qu'aux droits et devoirs définis dans la Charte de l'environnement de 2004. En vertu de ces principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d'outre-mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique. ________

 ARTICLE PREMIER
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.


 (extrait) source 
Texte intégral en vigueur à jour de la révision constitutionnelle du 8 mars 2024 cliquez Version PDF

2024-07-06

Techno politique Asma Mahla

Accès vidéo 

  La Grande Librairie février 2024

"Intelligence artificielle, réseaux sociaux, implants cérébraux, satellites, métavers... Le choc technologique sera l'un des enjeux clés du xxie siècle et les géants américains, les « BigTech », sont à l'avant-garde. Entités hybrides, ils remodèlent la morphologie des États, redéfinissent les jeux de pouvoir et de puissance entre nations, interviennent dans la guerre, tracent les nouvelles frontières de la souveraineté. S'ils sont au coeur de la fabrique de la puissance étatsunienne face à la Chine, ils sont également des agents perturbateurs de la démocratie. De ces liens ambivalents entre BigTech et « BigState » est né un nouveau Léviathan à deux têtes, animé par un désir de puissance hors limites. Mais qui gouverne ces nouveaux acteurs privés de la prolifération technologique ? A cette vertigineuse question, nous n'avons d'autre choix que d'opposer l'innovation politique !"

Asma Mhalla, docteure en études politiques et chercheure au LAP (Laboratoire d'Anthropologie Politique) de l'EHESS/CNRS, lance un cri d'alerte dans son dernier ouvrage. Dans une thèse audacieuse, elle affirme que les technologies de l'hypervitesse, qu'elles soient civiles ou militaires, transforment chaque individu en soldat, que nous le voulions ou non. Selon elle, nos cerveaux sont devenus le champ de bataille ultime de cette ère technologique. Cette réflexion interpelle sur l'avenir de la démocratie et du nouvel ordre mondial.

Enseignante à Sciences Po et Polytechnique, Asma Mhalla conseille également les institutions dans leur politique publique technologique. 
Face à la montée en puissance des technologies dites de l'hypervitesse, Asma Mhalla appelle à une prise de conscience urgente et offre ainsi une contribution majeure à la réflexion contemporaine sur les relations entre technologie, pouvoir et démocratie.

  Source texte 

 Éditeur Seuil

19.90 € TTC. / 288 pages

    

2024-06-07

Avons-nous perdu le goût de la démocratie?

"La démocratie est un combat. Nous l’avions oublié, dans l’euphorie de la chute du mur de Berlin. La montée en puissance de régimes ­illibéraux ou totalitaires et la guerre en Ukraine sont venus nous le rappeler.
Devant le délitement de notre vie politique et les crises multiples qui sont devant nous, beaucoup commencent à penser qu’un pouvoir autoritaire serait la solution. Allons-nous préférer la soumission à la liberté ? C’est notre avenir qui est en jeu.
Pour défendre la démocratie, il faut en revisiter les origines et les fondements, examiner les conditions de sa survie, en comprendre le mouvement profond. Le partage à voix égales de l’incertitude du monde – car c’est de cela qu’il s’agit – exige de nous courage et détermination.
Cet essai pose les bases d’une intelligence renouvelée du seul régime capable de préserver la liberté, l’égalité et la fraternité." (présentation de l'éditeur)


Ce premier quart du XXIe siècle aura été marqué par la montée des populismes et la disparition de l’évidence de la démocratie.
Avec
Jean-François Bouthors Journaliste, collaborateur de la revue Esprit et éditorialiste à Ouest-France
Avons-nous perdu le goût de la démocratie ? Il semble que ce soit l’inverse et que nous sommes entrés dans un fort désir de la protéger, de la renforcer et de lui donner la place la plus grande qui soit dans nos sociétés contemporaines.

D’où pour ce faire l’importance de revisiter ses origines et d’examiner les conditions de sa survie en en comprenant le mouvement profond.

Une société ne naît pas démocratique, elle le devient ! Voilà le thème de la conversation de ce jour entre Jean-François Bouthors et Marc-Alain Ouaknin

L'invité
JEAN-FRANÇOIS BOUTHORS est essayiste et journaliste, éditorialiste à Ouest-France et collaborateur régulier de la revue Esprit et du site Desk Russie.
Il a été l’éditeur de la grande journaliste russe Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006, et cofondateur de la collection Les moutons noirs, consacrée à la dissidence, aux Éditions François Bourin
Il est coauteur, avec le philosophe Jean-Luc Nancy, de Démocratie ! Hic et nunc (Éditions François Bourin, 2019) et auteur de Poutine, la logique de la force (Éditions de l’Aube, 2022). Il a récemment publié Démocratie, zone à défendre (Éditions de l’Aube).
Il anime par Zoom avec Paule Zellitch l’Atelier de lecture biblique, sur le texte de la Genèse (latelierdelecturebiblique@hotmail.com).



2024-05-23

Les grands courants actuels du judaïsme religieux et laïc en Occident

 


extrait 

Juifs de Catalogne

Et autres contributions à l’étude des judaïsmes contemporains / I altres contribucions a l’estudi dels judaismes contemporanis

Jueus de Catalunya

Français

L'ouvrage présente dix-neuf articles sur les communautés juives actuelles des Pays Catalans (retour et re-création des communautés, question linguistique, patrimoine…) ; sur des problématiques du judaïsme contemporain (diversité des courants religieux, des identités, préoccupation démographique, etc.) ; et sur des aspects méthodologiques propres aux études juives, notamment dans l'aire catalane et hispanique.


Éditeur : Presses universitaires de Perpignan

Lieu d’édition : Perpignan

Publication sur OpenEdition Books : 25 mars 2014

ISBN numérique : 978-2-35412-223-2

DOI : 10.4000/books.pupvd.1372 Collection : Études

Année d’édition : 2011

ISBN (Édition imprimée) : 978-2-35412-048-1

Nombre de pages : 367

2024-03-22

diagnostic précis de l’État social Alain Supiot

 Leçon inaugurale de Alain Supiot prononcée le 29 novembre 2012.


Alain Supiot est professeur du Collège de France et titulaire de la chaire État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités.

L’histoire juridique de l’édification de l’État social donne une idée de sa grandeur. Mais ce souverain débonnaire, tolérant la contestation et répondant du bien-être de ses sujets, semble aujourd’hui frappé de misère. Exposé par l’ouverture de ses frontières commerciales à des risques financiers systémiques, il voit ses ressources s’effriter et ses charges augmenter. D’inquiétants docteurs se pressent à son chevet. Certains lui prescrivent saignée sur saignée, tandis que d’autres dressent déjà son acte de décès. Plutôt que de cette médecine létale, c’est d’un diagnostic précis de l’État social dont nous avons besoin.

Texte intégral de la leçon inaugurale et traduction en coréen, anglais, espagnol, grec :

Retrouvez tous ses enseignements :

Le Collège de France est une institution de recherche fondamentale dans tous les domaines de la connaissance et un lieu de diffusion du « savoir en train de se faire » ouvert à tous. Les cours, séminaires, colloques sont enregistrés puis mis à disposition du public sur le site internet du Collège de France. Découvrez toutes les ressources du Collège de France :

2024-03-17

Un nouveau totalitarisme, celui du marché


Un article publié dans la revue Spirale, no 176, janvier-février 2001, p. 16.

Un " totalitarisme" qui exerce aujourd’hui son emprise, dans des sociétés qui se réclament pourtant de la démocratie, est celui qui veut paradoxalement justifier son existence au nom d’une plus grande liberté, celle du marché, mais qui ne laisse en réalité d’autre choix que de s’intégrer à la logique d’une pensée unique, d’un mode unique d’agir, une logique qui s’est infiltrée dans nos vies de manière tacite sous la forme d’une guerre non déclarée, qui enchaîne les populations et lie leur sort à la santé du capital, à la prospérité des investissements. 

Cette logique est celle du néolibéralisme, qui s’est implanté à partir de la fin des années 1970 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, pour se généraliser à l’échelle du monde entier au cours des deux décennies suivantes et régner dès lors en maître absolu, soumettant toute l’activité économique et sociale aux seules lois du marché. Il s’agit bien d’un retour au libéralisme après une période de quelque quatre décennies qui avaient vu triompher l’interventionnisme étatique. 

Mais ce libéralisme est d’un type nouveau dans la mesure où le champ de son déploiement est celui d’une économie « globale » entièrement mondialisée où le principe de la liberté des échanges a été poussé à un point tel que les États en sont arrivés à confier aux marchés et aux institutions internationales qui en assurent la domination intégrale, des pouvoirs supranationaux qui priment sur la souveraineté des États et le contrôle de la démocratie parlementaire sur des enjeux majeurs de la vie sociale, désormais décidés par les impératifs du profit et de la compétitivité internationale.

Le totalitarisme d’aujourd’hui est celui de la domination totale par le marché. L’étendue de son pouvoir, en voie d’achèvement au niveau mondial depuis la chute de l’économie planifiée dans l’ex-Union soviétique et ses satellites d’Europe centrale et orientale, ne s’arrête pas à la sphère de l’économie. Le totalitarisme du marché poursuit son action dirigée vers la transformation complète de l’individu en homo oeconomicus, en individu qui penserait tout en termes économiques, comme le soutient depuis des décennies la science économique officielle fondée sur le principe de l’individualisme méthodologique. 

Sans sombrer dans le catastrophisme, on ne peut écarter aujourd’hui, avec les progrès phénoménaux du génie génétique et leur appropriation privée par les entreprises multinationales dans un monde qui n’obéit qu’aux lois du marché et du profit, l’hypothèse d’un éventuel recours au clonage généralisé et aux mutations génétiques pour achever, dans une version moderne d’eugénisme, ce modelage de l’individu aux besoins de l’économie.

Des conditions propices à la domination totale

Le chômage croissant, la mise à sac des programmes publics de protection sociale, la destruction de l’emploi stable auquel on substitue l’emploi contractuel et à temps partiel, le recul de la syndicalisation, l’accroissement des inégalités à l’intérieur des pays et entre pays riches et pays pauvres, l’insécurité, la misère et le désarroi social qui en résultent constituent le processus même de la constitution de la société atomisée, condition de sa domination totale et terrain fertile à l’émergence d’une forme extrême de cette domination.

 La profilération d’une multitude de groupes racistes, xénophobes, néofascistes et néonazis dans un grand nombre de pays et les récents succès électoraux de partis politiques d’extrême droite démontrent qu’il ne s’agit pas d’une simple hypothèse d’école. La regrettable décision de l’Union européenne, prise en septembre 2000, de lever les sanctions imposées à l’Autriche à la suite de l’entrée au gouvernement de ce pays en février 2000 du FPÖ (Freiheitlische Partei Österreichs), parti d’extrême droite dirigé par le raciste Jörg Heider, en dit long sur la détermination des quatorze « démocraties » européennes à prendre les moyens qui s’imposent pour barrer la route à une remontée de l’extrémisme de droite.

Venant de gouvernements dirigés par des partis de droite, une telle attitude n’est pourtant pas aussi inattendue à la lumière de l’histoire. Il n’est en effet un secret pour personne, par exemple, comme le rappelle Hobsbawm, que le conservateur britannique Winston Churchill cachait mal sa sympathie à l’égard de Benito Mussolini et de son régime fasciste et que sa motivation à se présenter peu après comme le chef de file de la lutte anti-fasciste n’était motivée que par la menace réelle que représentait pour la Grande-Bretagne la puissance montante de l’Allemagne nazie. On sait par ailleurs que les « démocraties » européennes qu’étaient la France et la Grande-Bretagne, voyant en Hitler le fer de lance de la croisade antibolchevique, n’avaient pas hésité à s’allier à Hitler et Mussolini en signant en 1938 le traité de Münich, qui laissait Hitler libre d’annexer la Tchécoslovaquie et lui fournissait le tremplin d’une attaque prochaine contre l’URSS.

Venant de gouvernements « socialistes », social-démocrates ou travaillistes comme les gouvernements français, allemand et britannique, dirigés par des partis s’affichant comme partisans d’une « troisième voie », celle du partenariat, la banalisation de l’entrée du FPÖ au sein du gouvernement autrichien est-elle moins inattendue?  La réponse à cette question s’impose d’elle-même lorsqu’on se souvient que le Parti socialiste autrichien, déjà protagoniste de la « troisième voie » dans les années soixante-dix, a joué un rôle clef pour contribuer à donner une crédibilité politique au FPÖ d’extrême droite et à favoriser ainsi sa progression, en gouvernant en coalition avec lui de 1983 à 1986.

Dans un article intitulé « Le fascisme libéral » publié en août 2000 dans le Monde diplomatique, le Sous-commandant Marcos, dirigeant de l’Armée zapatiste de libération nationale du Chiapas au Mexique exprime cette préoccupation dans les termes suivants :

La fameuse « troisième voie » ne s’est pas seulement révélée, ici et là, fatale pour la gauche, mais peut constituer, par endroits, une rampe de lancement pour le néofascisme.

Ces rappels font ressortir avec une grande acuité les dangers qui se profilent aujourd’hui et les moyens absolument nécessaires à mettre en œuvre pour y faire échec, dont le principal consiste incontestablement à contrer le processus de l’atomisation sociale par l’action organisée unitaire et la mobilisation sur une base de classe, en toute indépendance, pour la défense des intérêts de la grande majorité de la population.

Texte de : Louis Gill, économiste

Professeur retraité de l'Université du Québec à Montréal

«L’atomisation sociale : condition de la domination totale ». Un article publié dans la revue Spirale, no 176, janvier-février 2001, p. 16. [Autorisation accordée par l'auteur le 4 janvier 2005 de diffuser ce texte.] 

Lien 

http://classiques.uqac.ca


2024-02-25

Le peuple est-il réellement le souverain en démocratie ?

 


SOURCE https://www.cersp.eu/democratie/le-peuple



La majorité de la population peut-elle exercer le pouvoir ?

La première idée qui fait consensus sur les ronds-points de France est qu’en démocratie le pouvoir doit obligatoirement être exercé par la majorité de la population. L’inconvénient c’est que cette idée relève de la mythologie. C’est une banalité que de le rappeler mais il n’est pas possible de réunir 67 millions de Français sur la place publique à chaque fois qu’une décision doit être prise. Il n’existe aucun régime politique dans le monde où les masses populaires se gouvernent directement elles-mêmes. Tout régime politique, y compris la démocratie, est toujours gouverné par un petit nombre d’hommes, par une minorité. Le « gouvernement du peuple par le peuple » n’est tout simplement pas possible dans des sociétés nombreuses, modernes et complexes comme sont les nôtres.


La délégation du pouvoir

La démocratie ne peut être que représentative : il y a une dissociation entre le détenteur du pouvoir, le peuple, et celui qui l’exerce réellement, la minorité dirigeante. La souveraineté populaire est donc une simple fiction juridique. La population d’un pays accepte de déléguer son pouvoir souverain à des hommes et des femmes qui en retour vont exercer le pouvoir en son nom et pour son compte. Les Parlementaires sont de cette manière les représentants du peuple. C’est ce que le député Jean-Luc Mélenchon a probablement voulu exprimer dans sa célèbre réplique « La République, c’est moi ! » face aux policiers qui accompagnaient un juge d’instruction venu perquisitionner les locaux de La France Insoumise.


Gouverner au nom du peuple n’est cependant pas l’apanage des seules démocraties. La plupart des minorités dirigeantes violentes qui ont pris le pouvoir depuis le XXème siècles et instauré des régimes autoritaires prétendent elles-aussi que leur pouvoir est exercé au nom du peuple (l’Algérie, la Chine, la Russie, le Venezuela, etc.).


Ce qui différencie les démocraties de tous les autres régimes politiques, c’est que la minorité qui y exerce le pouvoir sait qu’elle agit dans un cadre constitutionnel instaurant des contre-pouvoirs qui l’empêchent d’exercer un pouvoir absolu. En d’autres termes, il faut, selon la formule consacrée par Montesquieu, que « le pouvoir arrête le pouvoir " [1]. Tel est l’essence même de la démocratie.


Le pouvoir doit-il refléter la volonté de la majorité du peuple ?

La deuxième idée qui semble faire consensus chez les « Gilets Jaunes » est qu’en démocratie le pouvoir doit obligatoirement refléter les sentiments du peuple, ou du moins la volonté de la majorité du peuple. Il ne s’agit pas d’une idée fausse comme la première mais d’un courant de pensée qui trouve son fondement dans le Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau, du moins dans l’interprétation qui en a été donnée au moment de la Révolution française.


L’idée maîtresse de Jean-Jacques Rousseau est que le pouvoir doit être l’expression du peuple, considéré comme un ensemble cohérent. Le peuple – ou ceux qui disent qu’ils représentent le peuple – veut avoir tous les pouvoirs. La souveraineté populaire aboutit dans ce cas de figure à la toute-puissance de la majorité populaire.


C’est de ce courant de pensée que sont sortis les Robespierre de l’Histoire mais également la Commune de Paris. Les principales revendications institutionnelles formulées par les « Gilets Jaunes » ne sont qu’une simple traduction de l’idée rousseauiste selon laquelle l’origine populaire du pouvoir doit primer sur tout le reste : assemblée constituante, démocratie directe sans aucun filtre des corps intermédiaires, référendum permettant aux citoyens de proposer eux-mêmes les lois, révocation ad nutum des gouvernants, etc.


Vers une tyrannie de la majorité 

L’idée quasi mystique selon laquelle la souveraineté populaire ne serait réalisée que lorsque les gouvernants se bornent, à chaque instant, à exprimer les désirs de la masse ou de la majorité de la population est une idée qui peut aboutir à faire basculer la démocratie représentative dans un autre régime. Il n’est d’ailleurs pas anormal de constater que ce courant rousseauiste en France est aujourd’hui porté par le Rassemblement National et La France Insoumise, c’est-à-dire par des partis politiques situés aux deux extrémités de l’échiquier politique français et qui se présentent tous les deux en rivaux de la démocratie libérale. Tant Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon, qui font de la volonté de la majorité populaire le point cardinal de leur action politique, savent très bien que, poussé à son extrême, le principe de souveraineté populaire ainsi défini aboutit indubitablement à ce que l’on sorte du régime démocratique pour entrer dans quelque chose d’autre.


Une autre définition de la souveraineté populaire

Mais il existe un courant de pensée opposé à la tendance égalitaire exprimée dans le Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau et qui vient définir la souveraineté populaire autrement. Cette tendance plus libérale, fondée sur les libertés individuelles, se trouve exprimée dans la philosophie d’un penseur comme John Locke [2] pour qui l’essentiel est de garantir les droits des personnes contre l’arbitraire du pouvoir. Pour ce courant, l’idée extraordinairement révolutionnaire du principe de souveraineté populaire dans une démocratie est l’idée selon laquelle la volonté de la majorité doit être constitutionnellement encadrée afin qu’elle ne puisse pas déboucher sur la tyrannie de la majorité, sur la dictature du peuple. Albert Camus avait à ce titre une très jolie formule pour définir ce qu’était la démocratie : « la démocratie ce n’est pas la loi de la majorité mais la protection de la minorité ».


A la question « le peuple exerce-il réellement le pouvoir dans une démocratie » la réponse qu’il convient d’apporter est clairement négative comme du reste pour tous les autres régimes politiques que compte la planète. Mais la spécificité de la démocratie, ce qui la différencie de tous les autres régimes, c’est qu’elle fixe des règles du jeu autorisant les citoyens d’un pays à déléguer leur souveraineté à une minorité dirigeante tout en assurant que cette délégation ne se transformera ni en tyrannie de la majorité, ni en pouvoir absolu de la minorité. En cela, la démocratie représentative, même si elle demeure imparfaite, semble être l’une des traductions les plus fidèles que l’on puisse concevoir de l’idée de souveraineté populaire.


On est bien loin des ronds-points.


[1] Montesquieu, "De l'Esprit des Lois" (1748) est un des pères fondateurs de la philosophie politique.


[2] John Locke, "Second Traité du Gouvernement civil" (1690) est un des fondateurs du libéralisme politique.

qu'est ce qu'un peuple ?


Conférence de Francine Demichel, Professeure émérite de droit public, réalisée le mercredi 23 novembre 2016 dans le cadre de la programmation du Centre Culturel de l'Université de Corse.

elle fut présidente de l'université Paris 8, et directrice de l'enseignement supérieur au ministère de l’éducation nationale entre 1998 et 2002. 


Dictionnaire de l’Académie française

https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9P1867

I. PEUPLE

 nom masculin

Étymologie :ixe siècle, poblo ; xe siècle, pople ; xiie siècle, pueple ; xiiie siècle, peuple. Issu du latin populus, « peuple, ensemble des citoyens ».
I. Vaste ensemble humain considéré en fonction de réalités géographiques et historiques ou des liens divers qui peuvent unir ses membres.

1.  Société d’individus vivant sur un même territoire et partageant une histoire, des coutumes, une culture communes. Les croyances, les mythes, les mœurs d’un peuple.

         2.  Ensemble de personnes qui se sentent unies tantôt par l’histoire, tantôt par une culture, une langue ou une religion. 

II. Le corps de la nation.

1.  L’ensemble de la population d’un État. 
2.  Ensemble de ceux qui, dans un État, jouissent des droits civils et politiques.

 III. Ensemble de ceux qui, dans la société, n’appartiennent pas aux classes culturellement ou économiquement avantagées.

Les tribuns du peuple ou de la plèbe. La misère, les aspirations du peuple. L’Ami du peuple, surnom de Marat et titre de son journal. Loc. Un homme, une femme, un enfant du peuple. Le bon peuple, les gens simples. Le petit peuple, le menu peuple, les gens de la condition la plus modeste. Péj. Le bas peuple, la partie la plus déshéritée de la société.

▪  Adjectivement (invariable dans cet emploi). Propre aux gens du peuple et, péj., commun, vulgaire, sans distinction. Une allure, des manières peuple. Être peuple. Il a adopté cette façon de parler pour faire peuple.

ARTICLE 3.

La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. ..Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.


Le peuple semble échapper à la possibilité d’une définition. Se confondant pour certains avec la nation, pour d’autres à une classe sociale, ou encore à un combat contre l’État, il faut peut-être, à défaut de le définir, étudier ce passage par lequel la multitude devient peuple.

radiofrance/podcasts/serie-la-notion-de-peuple

Dans ce premier épisode, Géraldine Muhlmann, avec Gérard Bras et Yohan Dubigeon, se demandent comment agit un peuple. On part de cette observation : est souvent bien toléré, même estimé, le peuple électeur, celui juste deviné derrière les institutions qui le représentent, le "peuple-fiction" comme dirons les plus caustiques. En revanche, le peuple agissant, qui se montre de manière certes partielle, mais tangible, est beaucoup moins apprécié dans l'histoire de la pensée politique et de la philosophie. Populas, foule, multitude vulgaire et informe, les mots ne manquent pas pour en parler d'une manière péjorative. Faut-il croire que beaucoup est accordé au peuple, mais pas d'agir ? Ou faut-il croire que dans l'action, le peuple n'est pas toujours au meilleur de lui-même ?

Le ou les peuple(s)

 Mais qu'est-ce que le peuple exactement ? Constitue-t-il une entité unifiée par-delà la pluralité des individus ? Peut-il apparaître "en personne" pour parler comme le philosophe anglais du XVIIe siècle Thomas Hobbes, ou bien n'existe-t-il politiquement qu'à travers ses représentants, l'unité de ces derniers donnant seulement une unité aux représentés, comme disait encore Hobbes ? La bataille philosophie est rude à propos de la notion de peuple.

Il n'est pas possible de définir de façon essentielle et figée le "peuple". En effet, Gérard Bras précise qu'une telle définition "trace des frontières" et que, "sous l'apparence de l'inclusion, elle contribue à exclure". Le concept de peuple sert à "faire une enveloppe, un groupe, en homogénéisant les éléments". Ceux qui n'ont pas la qualité prérequis pour être inclus dans le groupe en sont donc exclus. Afin de ne pas en faire une entité substantielle, Gérard Bras suggère, à la suite d'Etienne Tassin"d'éviter de parler du peuple au singulier et de toujours parler des peuples au pluriel. Il y a toujours une pluralité et ce qui gêne la philosophie politique depuis Platon, c'est qu'on n'arrive jamais à unifier, à homogénéiser le peuple. Il y a toujours des tensions entre différentes manières d'être peuple."

L'omniprésence du terme "populisme"

Le problème posé par le terme "populisme" ne peut pas être contourné parce qu'il est omniprésent aujourd'hui sur la scène politique. Yohan Dubigeon souligne que ce terme est effectivement problématique an tant qu'il garde "toute une ambiguïté qui est totalement volontaire tant que de la part de ses détracteurs que de la part de ceux qui l'utilisent de manière plutôt méliorative". Il explique cette apparition du terme populisme aujourd'hui dans la scène publique "par une rupture d'une forme de bloc historique" qui concerne notamment "la partie gauche de l'échiquier politique".

Pendant très longtemps, précise-t-il, 

"la gauche au sens large, on peut dire la social-démocratie, faisait bloc entre deux grandes questions : la question sociale, c'est-à-dire la question des inégalités, de la répartition des richesses, et ce qu'on pourrait nommer, de manière imparfaite, le champ des questions culturelles ou du progressisme culturel, à savoir les questions de racisme, de genre ou encore d'écologie. Puis, à partir des années 1980, la gauche a commencé à laisser de côté la question sociale pour se concentrer essentiellement sur les questions de progressisme culturel. Cela s'explique par un malaise de la social-démocratie qui se convertit aux théories socio-économiques du néolibéralisme et qui assume de tourner le dos aux classes populaires pour se tourner plutôt vers les classes moyennes, voire les classes aisées. De ce point de vue-là, la gauche laisse un boulevard récupéré par les "populistes" aujourd'hui, mais les "populistes" d'extrême droite comme d'extrême gauche. C'est ce qui permet par exemple au Rassemblement National de se dire les représentants du peuple, des classes populaires, contre les élites."

Avec

  • Gérard Bras Professeur de philosophie en classes préparatoires, ancien directeur de programme au Collège International de Philosophie et Président de l’Université Populaire des Hauts-de-Seine

  • Yohan Dubigeon Politiste spécialiste des enjeux de démocratie radicale et d'éducation populaire et maître de conférence à l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne