SOURCE https://www.cersp.eu/democratie/le-peuple
SOURCE https://www.cersp.eu/democratie/le-peuple
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9P1867
nom masculin
2. Ensemble de personnes qui se sentent unies tantôt par l’histoire, tantôt par une culture, une langue ou une religion.
III. Ensemble de ceux qui, dans la société, n’appartiennent pas aux classes culturellement ou économiquement avantagées.
Les tribuns du peuple ou de la plèbe. La misère, les aspirations du peuple. L’Ami du peuple, surnom de Marat et titre de son journal. Loc. Un homme, une femme, un enfant du peuple. Le bon peuple, les gens simples. Le petit peuple, le menu peuple, les gens de la condition la plus modeste. Péj. Le bas peuple, la partie la plus déshéritée de la société.
Dans ce premier épisode, Géraldine Muhlmann, avec Gérard Bras et Yohan Dubigeon, se demandent comment agit un peuple. On part de cette observation : est souvent bien toléré, même estimé, le peuple électeur, celui juste deviné derrière les institutions qui le représentent, le "peuple-fiction" comme dirons les plus caustiques. En revanche, le peuple agissant, qui se montre de manière certes partielle, mais tangible, est beaucoup moins apprécié dans l'histoire de la pensée politique et de la philosophie. Populas, foule, multitude vulgaire et informe, les mots ne manquent pas pour en parler d'une manière péjorative. Faut-il croire que beaucoup est accordé au peuple, mais pas d'agir ? Ou faut-il croire que dans l'action, le peuple n'est pas toujours au meilleur de lui-même ?
Mais qu'est-ce que le peuple exactement ? Constitue-t-il une entité unifiée par-delà la pluralité des individus ? Peut-il apparaître "en personne" pour parler comme le philosophe anglais du XVIIe siècle Thomas Hobbes, ou bien n'existe-t-il politiquement qu'à travers ses représentants, l'unité de ces derniers donnant seulement une unité aux représentés, comme disait encore Hobbes ? La bataille philosophie est rude à propos de la notion de peuple.
Il n'est pas possible de définir de façon essentielle et figée le "peuple". En effet, Gérard Bras précise qu'une telle définition "trace des frontières" et que, "sous l'apparence de l'inclusion, elle contribue à exclure". Le concept de peuple sert à "faire une enveloppe, un groupe, en homogénéisant les éléments". Ceux qui n'ont pas la qualité prérequis pour être inclus dans le groupe en sont donc exclus. Afin de ne pas en faire une entité substantielle, Gérard Bras suggère, à la suite d'Etienne Tassin, "d'éviter de parler du peuple au singulier et de toujours parler des peuples au pluriel. Il y a toujours une pluralité et ce qui gêne la philosophie politique depuis Platon, c'est qu'on n'arrive jamais à unifier, à homogénéiser le peuple. Il y a toujours des tensions entre différentes manières d'être peuple."
Le problème posé par le terme "populisme" ne peut pas être contourné parce qu'il est omniprésent aujourd'hui sur la scène politique. Yohan Dubigeon souligne que ce terme est effectivement problématique an tant qu'il garde "toute une ambiguïté qui est totalement volontaire tant que de la part de ses détracteurs que de la part de ceux qui l'utilisent de manière plutôt méliorative". Il explique cette apparition du terme populisme aujourd'hui dans la scène publique "par une rupture d'une forme de bloc historique" qui concerne notamment "la partie gauche de l'échiquier politique".
Pendant très longtemps, précise-t-il,
"la gauche au sens large, on peut dire la social-démocratie, faisait bloc entre deux grandes questions : la question sociale, c'est-à-dire la question des inégalités, de la répartition des richesses, et ce qu'on pourrait nommer, de manière imparfaite, le champ des questions culturelles ou du progressisme culturel, à savoir les questions de racisme, de genre ou encore d'écologie. Puis, à partir des années 1980, la gauche a commencé à laisser de côté la question sociale pour se concentrer essentiellement sur les questions de progressisme culturel. Cela s'explique par un malaise de la social-démocratie qui se convertit aux théories socio-économiques du néolibéralisme et qui assume de tourner le dos aux classes populaires pour se tourner plutôt vers les classes moyennes, voire les classes aisées. De ce point de vue-là, la gauche laisse un boulevard récupéré par les "populistes" aujourd'hui, mais les "populistes" d'extrême droite comme d'extrême gauche. C'est ce qui permet par exemple au Rassemblement National de se dire les représentants du peuple, des classes populaires, contre les élites."
Paru en janvier 2022
Michel Meyer était un des philosophes belges les plus traduits et les plus commentés à l’étranger.
Economiste de formation, maître ès arts de l’université Johns-Hopkins de Batimore, il était également docteur en philosophie de l’ULB. Elève puis assistant de Chaïm Perelman, considéré comme le fondateur de la « Nouvelle Rhétorique », Michel Meyer avait repris sa chaire, à son décès, en 1984.
Le philosophe belge Michel Meyer, né le 11 novembre 1950 à Bruxelles, est mort de manière soudaine, le 23 mai, à son domicile de Waterloo, à l’âge de 71 ans. Il laisse une œuvre de grande ampleur, par le nombre de ses ouvrages (plus d’une trentaine), la diversité des thèmes abordés et, surtout, l’envergure de ses analyses.
Agrégé de philosophie en 1973, année où il fut également diplômé en sciences économiques, puis docteur en philosophie (1977), il a travaillé d’abord auprès de Chaïm Perelman (1912-1984), auteur notamment d’un Traité de l’argumentation (avec Lucie Olbrechts-Tyteca, Editions de l’Université de Bruxelles, 1958) devenu classique, avant de succéder à son maître à la chaire de l’Université libre de Bruxelles.
Comme Perelman, dont il a contribué à faire connaître l’œuvre et la pensée, Michel Meyer accorde une grande importance à la Rhétorique d’Aristote et aux analyses des auteurs antiques relatives à l’argumentation, en cherchant à mettre en lumière leur pertinence pour aborder les nombreuses activités contemporaines liées à la communication et à la persuasion, centrales dans le domaine politique comme dans le commerce et la publicité.
Toutefois, il a œuvré à renouveler en profondeur cet héritage, en focalisant l’attention sur les questions elles-mêmes plutôt que sur les réponses. Ce qui caractérise sa démarche est en effet une volonté constante de renouveler l’impulsion première de l’interrogation philosophique, en veillant à ne jamais l’enfermer dans aucune chapelle ni aucune spécialisation scientifique. Au cours de plusieurs décennies d’enseignement et d’écriture intense, il a cherché à montrer comment le questionnement devait sans cesse traverser connaissances acquises et certitudes apparentes, pour mieux les remettre en mouvement, et révéler combien les réponses, à leur tour, posent problème.*
College de France
La rhétorique, l'argumentation et les sciences humaines
EMISSION FRANCE CULTURE / SCIENCE EN QUESTION ETIENNE KLEIN /AVRIL 2022
À lire les classiques de la sociologie, la société serait définie par les interactions qu’elle abrite et organise. Pourtant, la société est faite d’individus et de groupes qui n’interagissent pas forcément, alors même que tous font partie de la même société. Dès lors, comment comprendre ce qui fait une société, ce qui la tient et la définit comme ensemble cohérent ? Et aussi, comment agissent les forces qui tendent à la dissoudre ?
Avec Michel Meyer, économiste et philosophe, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles et Directeur de la Revue Internationale de Philosophie, auteur de Principia Politica : histoire, économie et société (Vrin, 2022).
voir la Problematologie
Samuel Hayat, chercheur en science politique au CEVIPOF (CNRS / Sciences Po).
En lien avec le sujet de l'émission, il a notamment publié :
Erwan Sommerer, maître de conférences en Science politique à l'Université d'Angers, et membre du Centre Jean Bodin. Ses travaux portent sur le lien entre pluralisme, conflits et liberté en période de crise politique et institutionnelle, notamment sous la Révolution française. Il est également membre du collectif de rédaction de la revue Réfractions, qui fête ses 25 ans d'existence cette année.
En lien avec le sujet de l'émission, il a notamment publié :