2009-12-11

PSYCHOHISTOIRE EN PERIL VOL 1 et 2




Eron Osa a subi le châtiment suprême. Pire que la mort le retrait de son fam. Sans cette sonde psychique qui décuple les capacités de son cerveau, il parvient à peine à se déplacer parmi les rues et les niveaux innombrables de Sublime Sagesse, la planète capitale de la Voie lactée.

Car en cette 14 810e année de l'Ere galactique, plus de seize siècles après la fondation du second Empire, chaque citoyen, du plus modeste jusqu'à l'élite des psychialistes, dépend entièrement de son fam pour évoluer dans cet univers hautement technologique.

Et Eron, privé de la plupart de ses souvenirs, y compris des raisons de sa disgrâce, va peu à peu découvrir l'enfer de sa nouvelle condition. Pourtant, perdue au fond de sa mémoire, se trouve la clé qui pourrait changer le destin galactique de l'humanité...

Auteur:
Né à San Francisco en 1929, Donald Kingsbury est considéré comme l'un des auteurs de hard science les plus ambitieux du genre.

Éditeur: Gallimard /Collection:Folio - Science-fiction
Parution:2004

2009-11-05

DE LA LUTTE DES CLASSES à LA LUTTE DES PLACES


Michel Lussault est géographe, professeur à l’Université de Lyon, Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines. Il est membre du laboratoire de recherche Environnement, Ville, Société (UMR 5600 CNRS)

Le propos de ce livre est de suggérer que la trame de notre existence peut être analysée sous l’angle des relations spatiales que nous créons avec les réalités diverses que nous croisons et utilisons : autres humains, non humains divers et variés, objets, matières, idées, etc…

Pour le géographe Michel Lussault, le monde de l’action sociale constitue une scène spatiale, sur laquelle interagissent des acteurs, qui utilisent pour réaliser leurs fins des instruments tels que la mise à distance, l’emplacement, la délimitation, le franchissement. Le livre s’appuie sur une analyse minutieuse d’expériences sociales variées, banales pour certaines, extraordinaires ou étranges pour d’autres.


Le lecteur découvrira ce qu’il y a de commun entre la construction d’un faux hall d’immeuble dans un quartier de grand ensemble au Havre, la politique de gestion de la faune sauvage dans le Vercors, le conflit racial autour d’un arbre à Jena en Louisiane, le développement des grands aéroports et des parcs d’attraction, la vente de coquillage par un vieil homme sur une plage du sud de l’Inde, ou encore la stratégie de l’association les Enfants de Don Quichotte en faveur des sans domicile fixe. Tous ces cas illustrent l’importance de ce que l’auteur nomme " l’épreuve spatiale ". Réfléchir à l’organisation sociale en prenant comme fil conducteur la question de l’espace permettrait de redéfinir les cadres de la régulation politique des sociétés et de planter les premiers jalons d’une éthique de l’espace habité, en phase avec les grands problèmes que nous pose le monde contemporain.


De la lutte des classes à la lutte des places de Michel Lussault


Editeur : Grasset
Collection : Mondes vécus
ISBN-10 : 224673391X

2009-10-09

Les transformations de l'Homme de LEWIS MUMFORD


L’homme moderne s’est déjà dépersonnalisé si profondément qu’il n’est plus assez homme pour tenir tête à ses machines. L’homme primitif, faisant fond sur la puissance de la magie, avait confiance en sa capacité de diriger les forces naturelles et de les maîtriser.

L’homme post-historique, disposant des immenses ressources de la science, a si peu confiance en lui qu’il est prêt à accepter son propre remplacement, sa propre extinction, plutôt que d’avoir à arrêter les machines ou même simplement à les faire tourner à moindre régime.

En érigeant en absolus les connaissances scientifiques et les inventions techniques, il a transformé la puissance matérielle en impuissance humaine : il préfèrera commettre un suicide universel en accélérant le cours de l’investigation scientifique plutôt que de sauver l’espèce humaine en le ralentissant, ne serai-ce que temporairement.

Jamais auparavant l’homme n’a été aussi affranchi des contraintes imposées par la nature, mais jamais non plus il n’a été davantage victime de sa propre incapacité à développer dans leur plénitude ses traits spécifiquement humains ; dans une certaine mesure, comme je l’ai déjà suggéré, il a perdu le secret de son humanisation.

Le stade extrême du rationalisme posthistorique, nous pouvons le prédire avec certitude, poussera plus loin un paradoxe déjà visible : non seulement la vie elle-même échappe d’autant plus à la maîtrise de l’homme que les moyens de vivre deviennent automatiques, mais encore le produit ultime - l’homme lui-même - deviendra d’autant plus irrationnel que les méthodes de production se rationaliseront.

En bref, le pouvoir et l’ordre, poussés à leur comble, se renversent en leur contraire : désorganisation, violence, aberration mentale, chaos subjectif.

Auteur : Lewis Mumford
Éditeur : Encyclopédie des Nuisances
Thèmes : critique de la société industrielle

2008 | 245 p. | 20.00€

2009-09-19

La révolution du néolithique


Il y a environ dix millénaires, l'histoire de l'humanité connut une véritable révolution, qui marqua le passage du paléolithique au néolithique : dans différentes régions du monde, de petits groupes de chasseurs-cueilleurs entreprirent de domestiquer certains animaux - chien, mouton, chèvre, porc, boeuf, buffle, lama...
et certaines plantes - blé, orge, lentille, mil, riz, maïs, courge, pomme de terre...

Le contrôle des ressources alimentaires leur permit de se sédentariser et d'accroître considérablement leur population, éliminant progressivement les sociétés de chasseurs-cueilleurs. Cette expansion démographique continue déboucha sur la création des premières villes, des premiers États et, finalement, de l'écriture et de l'histoire...

Jean-Paul Demoule
Broché
Paru le: 08/10/2008
Editeur : Le Pommier
Collection : Le collège de la cité
ISBN : 978-2-7465-0400-4
EAN : 9782746504004
Nb. de pages : 124 pages

2009-08-07


le spectre qui hante cette fin de siècle n'est plus le communisme, mais la dérive technologique du capitalisme industriel: jusqu'oú peut-on aller trop loin dans la dynamique de l'innovation? accroissement de bien-être et de pouvoir d'un côté, de l'autre multiplication des risques et des accidents à une échelle sans précédent: du nucléaire aux recherches biomédicales, la science est entrée dans l'ère du soupçon.

les hommes ne découvrent pas seulement qu'il y a des limites à l'exploitation des ressources naturelles mais qu'il y en a aussi à l'exploitation de leur génie technique. tel est le véritable sens de la prise de conscience écologique.

le discours des techniciens nous fait croire que la technologie est si complexe qu'elle relève des seuls experts et, quand les choses tournent mal, que c'est la faute au destin: double mystification.

l'exemple d'oppenheimer, le physicien-philosophe, père de la bombe d'hiroshima et celui de rickover, l'ingénieur-amiral, père des sous-marins nucléaires, montrent à quel degré d'inconscience peut mener la raison scientifique. pour faire face aux problèmes sans précédent que soulève la technologie, il faut une autre pratique de la démocratie. dans quelle mesure et à quelles conditions peut-on maîtriser le changement technique? c'est l'enjeu politique majeur de cette fin de siècle, et c'est l'affaire de tous.


Collection : Folio Actuel n° 35
Editeur : Gallimard
Pages : 311
Année : 1993
ISBN : 2070328112

2009-07-17

LA VILLE À VIVRE



Futuribles
No. 354 (juillet-août 2009)
ÉDITORIAL DU N°354


Ce numéro spécial de la revue Futuribles, très largement orchestré par Jean Haëntjens, est essentiellement consacré à l’avenir des villes européennes, aux atouts qu’elles détiennent pour jouer un rôle pionnier dans la nécessaire réinvention de la ville comme espace au sein duquel se tissent (ou devraient se tisser), par excellence, les liens qui nous permettent de faire société, de créer entre les générations et entre les peuples de cultures différentes ce qui caractérise la cité. Une cité qu’il nous a fallu, depuis l’origine des temps, en permanence réinventer et qui se trouve aujourd’hui en première ligne pour relever le défi de ce qu’il est convenu d’appeler le « développement durable », appréhendé dans sa dimension aussi bien économique que sociale et environnementale.

Ce numéro, introduit par un article de Jean Haëntjens, part, comme dans tout exercice de prospective, d’une rétrospective sur les villes européennes depuis ce que l’on désigne par « les villes éclatées » des années 1960-1970 — archétypes de la ville non soutenable — jusqu’à la ville durable, en passant par la « ville lumière » dont le corollaire était l’essor des espaces périurbains, plus ou moins obscurs. En lisant et relisant les textes ici rassemblés, me reviennent à l’esprit les analyses si éclairantes d’un auteur par trop oublié, Lewis Mumford, urbaniste, historien et philosophe américain (1895-1990) qui, bien après Boileau dénonçant les « embarras de Paris », nous explique comment la cité médiévale s’est effondrée après le XVe siècle, certes en raison du déclin de la foi religieuse, mais aussi à cause de l’introduction des véhicules sur roues, jointe à un besoin de vitesse ayant fait « éclater ses rues trop étroites ».

Sans en rappeler ici les détails, voici en effet comment Lewis Mumford explique la mutation d’alors et l’avènement de la « cité baroque » : « En France, en 1563, le Parlement supplia le roi d’interdire les véhicules sur roues dans le centre de Paris. Ce même besoin se manifesta de nouveau au XVIIIe siècle. Néanmoins le nouvel esprit dans la société était du côté des transports rapides. L’accélération du mouvement et la conquête de l’espace, le désir fiévreux d’arriver quelque part étaient des manifestations [d’une] volonté de puissance envahissante. » Mais cette volonté de puissance aujourd’hui s’exprime sans doute de manière différente, non plus dans la course au gigantisme que dénonçait déjà Mumford (qui rappelait pourquoi l’extension des premières cités se limitait « à la portée de la voix ou au temps d’une promenade ») ou dans le développement de mégalopoles, mais dans la nécessaire réinvention de la ville en fonction des exigences particulières des temps modernes.

C’est cette préoccupation qui constitue la trame essentielle de ce numéro spécial : la nécessaire réinvention de la ville non plus comme espace fermé (« la ville forteresse ») mais comme nœud d’un réseau qui aujourd’hui s’étend au niveau de la planète entière, se trouve donc en compétition (Gérard Collomb nous explique pourquoi le terme de « coopétition » lui paraît mieux adapté) avec toutes les autres villes sur une série de critères telles leur compétitivité, leur attractivité, leur « connectivité », leur qualité de vie… ; ceux-là donnant lieu à de très nombreux classements (voir notamment l’article d’Émile Hooge).

Un des défis les plus saisissants que doivent ainsi relever les villes en ce début de XXIe siècle est bien de savoir trouver le bon équilibre entre des fonctions qui semblent a priori contradictoires : être des lieux à la fois ouverts sur le monde et ferments de modernité, tout en sachant préserver et valoriser leur patrimoine naturel et culturel, en même temps que des espaces d’échanges, de découverte et d’invention. Là encore, on retrouve une préoccupation chère à Mumford qui insistait sur le fait que les villes devaient favoriser la diversité des activités indispensables à l’épanouissement humain. Ce sont des espaces d’échanges sur l’axe du temps, avec les morts à travers les souvenirs qu’ils ont laissés (œuvres d’art, monuments publics…) et entre les générations. « Il faut, écrivait-il encore, que les planificateurs tiennent compte des besoins de tous les âges, que dans la ville on puisse se sentir chez soi du premier jour de sa vie au dernier. » Ainsi dénonçait-il la segmentation sociale et le fait que les villes modernes aient été conçues exclusivement pour les adultes au mépris des enfants, des adolescents et des personnes âgées…

Dans le même esprit, il s’érigeait contre une spécialisation excessive des lieux et des gens, spécialisation qu’il estimait nuisible à l’épanouissement humain. Ainsi, écrivait-il, « à défaut de pouvoir recréer dans les villes un environnement qui permette à chacun d’être tour à tour berger, jardinier, menuisier et philosophe, qu’on s’efforce au moins de ne pas rendre le travail incompatible avec le loisir ». Ainsi, bien avant que l’on parle de développement durable, fait-il implicitement allusion à ce que l’on appelle, dans ce numéro de Futuribles, « la ville à vivre » et, incidemment, aux moyens de transport. Sans cacher la préférence qu’il accordait à la marche à pied, il n’excluait pas que d’autres systèmes de transport se développent, non sans répéter qu’il ne s’agit, en l’espèce, que de moyens et qu’il faut les adapter aux finalités humaines.

L’une des finalités les plus chères à l’auteur étant que l’ouvrier puisse, pour se rendre à son travail, faire une promenade qui le mette en contact avec des êtres, des scènes et des objets qui réchauffent le cœur. Il est, du reste, intéressant, que dans l’article que Jacques Dufresne consacre à Mumford, il souligne lui-même combien le cœur de plusieurs grandes villes semble avoir recommencé à battre depuis que le gaz carbonique y a été remplacé par le parfum des fleurs. Peut-être en revanche n’avait-il pas anticipé la révolution qui allait intervenir avec la diffusion des technologies de l’information et de la communication, qui a entraîné une désynchronisation des lieux et des temps qu’explicite Jean Viard d’une manière particulièrement saisissante…


Hugues de Jouvenel



1. DUFRESNE Jacques. « Mumford, ou la cité organique ». Revue Critère, n° 17, printemps 1977.

2009-05-07

La guerre des idées MANIERE DE VOIR mai 2009

104 / Avril - mai 2009
Numéro coordonné par Laurent Bonelli



EXTRAIT

II. Lieux stratégiques

Les récentes réformes du monde universitaire et de la recherche ainsi que les mobilisations qu’elles ont suscitées rappellent que l’enjeu est considérable.

S’agit-il de produire des savoirs immédiatement fonctionnels dans l’entreprise, comme le souhaitent nombre de gouvernants, ou de défendre un projet d’émancipation sociale par la connaissance ? L’énergie des chercheurs doit-elle se concentrer sur des brevets industriels, sur la meilleure rationalisation des tâches dans une institution, ou peut-elle s’employer à montrer les ravages de telle politique de sécurité ou de la concentration des médias ?

Cela vaut également pour le marché de l’édition. Est-il possible de faire exister une pensée qui ne serait pas immédiatement rentable économiquement, car elle reste minoritaire et va contre l’air du temps ? Que valent les connaissances élaborées dans des institutions privées de recherche (les think tanks), dont la principale préoccupation est de défendre les intérêts de leurs bailleurs de fonds ?

Ces questions ne sont pas marginales. La guerre des idées nécessite en effet des infrastructures qui constituent à la fois des lieux de production et les principaux vecteurs de diffusion de la pensée.

Un savant ne devient un intellectuel, disait Jean-Paul Sartre, qu’à partir du moment où il quitte son laboratoire pour élargir son audience au-delà de ses collègues. De là l’importance du contrôle de l’ensemble de ces structures de médiation, qui, par l’enseignement, des livres, des articles ou des notes de synthèse, fournissent à des millions d’individus des grilles de lecture et d’interprétation du monde qui nous entoure.

aussi dans ce numéro un article :
Pour un savoir engagé
Pierre Bourdieu

2009-04-18

LA PLUS GRANDE INDUSTRIE MONDIALE


supplément de lecture (vite lu 2H30),
bonne description historique de comment sommes nous passé du détaillant aux hypermarchés

Nelson Lichtenstein (université CALIFORNIE SANT BARBARA),
Susan Strasser (université DELAWARE)
Les prairies ordinaires
Collection : Penser-Croiser
12,00 EUR


Les données témoignant de la taille géante de Wal-Mart ne manquent pas : Wal-Mart est la plus grande entreprise mondiale, le plus grand employeur privé du monde, le huitième acheteur de produits chinois (devant la Russie et le Royaume-Uni); son chiffre d'affaires est supérieur au PIB de la Suisse; son budget informatique supérieur à celui de la NASA; le patrimoine financier des héritiers de Sam Walton (son fondateur) est deux fois plus élevé que celui de Bill Gates... Mais derrière ces superlatifs se cache l'histoire très singulière d'une société de l'Arkansas qui, en l'espace de 40 ans, a révolutionné les vieux modèles fordistes d'organisation du travail et largement reconfiguré les rapports producteurs/détaillants et toute l'économie américaine.



Le succès et l'influence politique de cette entreprise géante lui permettent de redessiner les plans des villes, de déterminer le salaire minimum réel, de casser les syndicats, de définir les contours de la culture populaire, de peser sur les flux de capitaux dans le monde entier, et d'entretenir ce qui s'apparente à des relations diplomatiques avec des dizaines de pays. Alors que la marge de manœuvre des gouvernements demeure restreinte, Wal-Mart semble avoir aujourd'hui plus d'influence que n'importe quelle institution, non seulement sur des pans entiers de la politique sociale et industrielle américaine, mais aussi sur le modèle de vie et de consommation mondialisé, bigot et entièrement familiariste.


Sommaire

- Wal-Mart et les tombées de camion

- Wal-Mart : un modèle pour le capitalisme du XXIe siècle

- De Woolworth à Wal-Mart : la marchandisation de masse et l'aventure de la culture consumériste

2009-04-14

GEORGE ORWELL 1984



ci-dessous des extraits de cette ouvrage

Au long des temps historiques, et probablement depuis la fin du néolithique, le monde a été divisé en trois classes. La classe supérieure, la classe moyenne, la classe inférieure. Elles sont été subdivisées de beaucoup de façons, elles ont porté d'innombrables noms différents.

Les buts de ces trois groupes sont absolument inconciliables. Le but du groupe supérieur est de rester en place. Celui du groupe moyen, de changer de place avec le groupe supérieur. Le but du groupe inférieur, quand il en à un - car c'est une caractéristique permanente des inférieurs qu'ils sont trop écrasés de travail pour être conscients, d'une façon autre qu'intermittente, d'autre chose que de leur vie de chaque jour - est d'abolir toute distinction et de créer une société dans laquelle tous les hommes seraient égaux.

Ainsi, à travers l'Histoire, une lutte qui est la même dans ses lignes principales se répète sans arrêt. Pendant de longues périodes, la classe supérieure semble être solidement au pouvoir. Mais tôt ou tard, il arrive toujours un moment où elle perd, ou sa foi en elle même, ou son aptitude à gouverner efficacement, ou les deux. Elle
est alors renversée par la classe moyenne qui enrôle, à ses côtés la classe inférieur en lui faisant croire qu'elle lutte pour la liberté et la justice.

Sitôt qu'elle a atteint son objectif, la classe moyenne rejette la classe inférieure dans son ancienne servitude et devient elle-même supérieure. Un nouveau groupe moyen se détache alors de l'un des autres groupes, ou des deux, et la lutte recommence.

Des trois groupes, seul le groupe inférieur ne réussit jamais, même temporairement, à atteindre son but. Ce serait une exagération que de dire qu'à travers l'histoire il n'y a eu aucun progrès matériel. Même aujourd'hui, dans une période de déclin, l'être humain moyen jouit de conditions de vie meilleurs que celles d'il y a quelques siècles.

Mais aucune augmentation de richesse, aucun adoucissement des mœurs, aucune réforme ou révolution n'a jamais rapproché d'un millimètre l'égalité humaine. Du point de vue de la classe inférieure, aucun changement historique n'a jamais signifié beaucoup plus qu'un changement du nom des maitres.

Vers la fin du XIX siècle, de nombreux observateurs se rendirent compte de la répétition constante de ce modèle de société. Des écoles de penseurs apparurent alors qui interprètent l'histoire comme un processus cyclique et prétendirent démontrer que l'inégalité était une loi inaltérable de la vie humaine.

Dans le passé, la nécessité d’une forme hiérarchisée de société avait été la doctrine spécifique de la classe supérieure. Elle avait été prêchée par les rois et les aristocrates, par les prêtes, hommes de loi et autres qui étaient les parasites des premiers et elle avait été adoucie par des promesses de compensation dans un monde imaginaire, par-delà la tombe. La classe moyenne, tant qu’elle luttait pour le pouvoir, avait toujours employé des termes tels que liberté, justice et fraternité.

Le socialisme, une théorie qui apparut au début du XIX siècle et constituait le dernier anneau de la chaîne de pensée qui remontait aux rebellions d’esclaves de l’antiquité, était encore profondément infecté de l’utopie des siècles passés. Mais dans toutes les variantes du socialisme qui apparurent à partir de 1900 environ, le but d’établir la liberté et l’égalité était de plus en plus ouvertement abandonnée.
Ces nouveaux mouvements naissaient naturellement des anciens. Ils tendaient à conserver les noms de ceux-ci et à payer en paroles un hommage à leur idéologie.

Comme d’habitude, la classe supérieure devait être délogée par la classe moyenne qui deviendrait alors la classe supérieure. Mais cette fois, par une stratégie consciente. Cette classe supérieure serait capable de maintenir perpétuellement sa position.
Les nouvelles doctrines naquirent en partie grâce à l’accumulation de connaissances historiques et au développement du sens historique qui existait à peine avant le XIX siècle. Le mouvement cyclique de l’histoire était alors intelligible, ou paraissait l’être, et s’il était intelligible il pouvait être changé.

Dans les périodes antérieures, quand une société juste et paisible était en fait impossible, il avait été tout à fait facile d’y croire. L’idée d’un paradis terrestre dans lequel les hommes vivraient ensemble dans un état de fraternité, sans lois et sans travail de brute, a hanté l’imagination humaine pendant des milliers d’années.

Les héritiers des révolutions françaises, anglaises et américaines ont, en partie, cru à leurs propres phrases sur les droits de l’homme, la liberté d’expression, l’égalité devant la loi, et leur conduite, dans une certaine mesure, a même été influencée par elles.
Mais vers la quatrième décennie du XX siècle, tous les principaux courants de la pensée politique étaient des courants de doctrine autoritaire. Le paradis terrestre avait été discrédité au moment exact où il devenait réalisable. Toute nouvelle théorie politique, de quelque nom qu’elle s’appelât, ramenait à la hiérarchie et à l’enregistrement et dans le général durcissement
de perspective qui s’établit vers 1930, des pratiques depuis longtemps abandonnées, parfois depuis des centaines d’années (emprisonnement sans procès, emploi de prisonniers de guerre comme esclaves, exécutions publiques tortures pour arracher des confessions, usage des otages et déportation de populations entières) non seulement redevinrent courantes, mais furent tolérées et même défendues par des gens qui se considéraient comme éclairés et progressistes.
La nouvelle aristocratie était constituée, pour la plus grande part, de bureaucrates, de savants, de techniciens, d’organisateurs de syndicats, d’experts en publicité, de sociologues, de professeurs, de journalistes et de politiciens professionnels. Ces gens, qui sortaient de la classe moyenne salariée et des rangs supérieurs de la classe ouvrière, avaient été formés et réunis par le monde stérile du monopole industriel et du gouvernement centralisé.

Comparés aux groupes d’opposition des âges passés, ils étaient moins avares, moins tentés par le luxe; plus avides de puissance pure et, surtout, plus conscients de ce qu’ils faisaient, et plus résolus à écraser l’opposition.

La raison en est, en partie, que, dans le passé, aucun gouvernement n’avait le pouvoir de maintenir ses citoyens sous une surveillance constante. L’invention de l’imprimerie, cependant, permit de diriger plus facilement l’opinion publique. Le film et la radio y aidèrent encore plus. Avec le développement de la télévision et le perfectionnement technique qui rendit possibles, sur le même instrument, la réception et la transmission simultanée, ce fut la fin de la vie privée.

Après la période révolutionnaire qui se place entre 1950 et 1960, la société se regroupa, comme toujours, en classe supérieure, classe moyenne et classe inférieure. Mais le nouveau groupe supérieur, contrairement à tous ses prédécesseurs, n’agissait pas seulement suivant son instinct. Il savait ce qui était nécessaire pour sauvegarder sa position. La possibilité d’imposer, non seulement une complète obéissance à la volonté de l’Etat, mais une complète uniformité d’opinion sur tous les sujets, existait pour la première fois.

Pour un groupe dirigeant, il n’y a que quatre manières de perdre le pouvoir. Il peut soit être conquis de l’extérieur, soit gouverner si mal que les masses se révoltent, soit laisser se former un groupe moyen fort et mécontent, soit perdre sa confiance en lui-même et sa volonté de gouverner.

1984 (Nineteen Eighty-Four) est le plus célèbre roman de George Orwell, écrit en 1948 et publié l'année suivante.Le roman devait s'appeler à l'origine The Last Man in Europe (Le Dernier Homme en Europe), ou encore 1949, l'année de sa parution, mais Orwell se vit opposer un refus de la part de son éditeur. Il le renomma ensuite 1984, en inversant les chiffres correspondant à la date d'écriture (1948), et donna une dimension plus futuriste au récit afin qu'il choque moins ses contemporains.1984 est communément considéré comme une référence du roman d'anticipation, de la dystopie, voire de la science-fiction en général source wikipedia

mot annexe anticipation sociale

2009-02-20

LE BLUFF TECHNOLOGIQUE



Dans cet ouvrage, véritable synthèse de sa réflexion sur la technique, Jacques Ellul s'attache à démystifier le discours sur les changements technologiques qui fleurissent dans notre société. Ecrit bien avant l'explosion de l'informatique et des télécommunications dan, les années 1980, ce livre en anticipe l'arrivée, les utopie ; et les déconvenues. Il démonte avec minutie et conviction les arguments qui font de la technologie un, fatalité et plaide en faveur d'une technique au service de l'homme. Avec ce texte polémique sur l'homme en proie au divertissement et sur la société qui l'asservit à une multiplicité de gadgets, Jacques Ellul apporte une contribution essentielle au grand débat sur la trivialisation de la culture dans nos démocraties modernes.

Biographie de l'auteur
Jacques Ellul (1912-1994) a consacré l'essentiel de sa réflexion à l'impact des techniques sur les sociétés contemporaines. Il a notamment publié La Technique ou l'Enjeu du siècle et Le Système technicien. Jean-Luc Porquet, journaliste, est l'auteur de Jacques Ellul, l'homme qui avait (presque) tout prévu (Le Cherche Midi, 2003).

VIDEO JEAN ELLUL

2009-02-01

la télécratie contre la démocratie



La télécratie qui règne désormais en France comme dans la plupart des pays industriels ruine la démocratie : elle remplace l'opinion publique par les audiences, court-circuite les appareils politiques et détruit la citoyenneté. La télévision et l'appareillage technologique qui la prolonge à travers les réseaux numériques de télécommunication sont en cela devenus le premier enjeu politique.

De ces effets ruineux de la télécratie, qui transforment la vie quotidienne dans ses aspects les plus intimes, les candidats au scrutin présidentiel de 2007 ne disent pas un mot : ils ont été produits par ce système.

Car à travers ce que l'on appelle les industries de programmes, c'est la relation politique elle-même qui est devenue un nouveau marché, et ce marketing confine aujourd'hui à la misère politique : au cours de la dernière décennie, l'appareil télécratique a développé un populisme industriel qui engendre à droite comme à gauche une politique pulsionnelle, et qui semble conduire inéluctablement au pire.

Ce devenir infernal n'est pourtant pas une fatalité. La philosophie se constitua à son origine même contre la sophistique : celle-ci, par une appropriation abusive de l'écriture, développait une gangrène qui menaçait de guerre civile la cité athénienne. De cette lutte contre les tendances démagogiques de la démocratie grecque résultèrent les formes de savoirs qui caractérisent l'Occident.

Prônant un nouveau modèle de civilisation industrielle, cet ouvrage affirme qu'un sursaut démocratique contre les abus de la télécratie est possible, et appelle l'opinion publique française et européenne à se mobiliser contre la dictature des audiences.

LES EXTRAITS SUIVANTS NE SONT PAS DE LA PROMOTION POUR LE PARTI DE GAUCHE ACTUEL CE QUI IMPORTE CE SONT LES PROPOS DE MR BERNARD STIEGLER.

video part 1





video part 2