2024-08-26

La responsabilité intellectuelle



Julien Benda, dans La Trahison des clercs, en appelle à la responsabilité de l’intellectuel. Il défend une autonomie des valeurs absolues comme le vrai, le beau et le bien, indépendantes des variations historiques. Pour cela, il réfléchit à la différenciation entre les différents types de valeurs : valeurs esthétiques, valeurs morales, valeurs politiques et se positionne contre la philosophie de son temps et en particulier contre le vitalisme de Bergson.

Son ouvrage est incompris et vivement critiqué par les intellectuels à sa publication. Il apparaît, de façon caricaturale, comme un auteur qui s’oppose à l’engagement en demandant aux intellectuels de s’abstraire du monde, explique Pascal Engel. 

Pourtant, sa thèse est plus subtile. Il s’oppose à l’engagement tel que théorisé par Sartre qui prône un engagement pour l’engagement. Benda ne veut pas que les intellectuels se désengagent mais qu’ils ne perdent pas de vue que leur engagement doit être guidé par la boussole de la raison dont les points cardinaux sont les valeurs intangibles.

Julien Benda a une « passion de la raison » selon la formule de Pascal Engel c’est-à-dire qu’il n’y a pas de contradiction pour lui entre la raison et les émotions.

Bibliographie indicative :
Julien Benda, La Trahison des clercs, Grasset

Pascal Engel, Les Loi de l’esprit. Julien Benda ou la raison, Ithaque, 2012

Pascal Ory, Les intellectuels en France, Tempus Perrin, 2004


Monde Diplomatique janvier 1996 page 10