2011-01-08
"Éloge de la gentillesse"
Faut-il être gentil avec la gentillesse ? attitude moquée et dénigrée, la gentillesse ne fait plus recette dans un monde cynique où tout don vaut abandon, pour ne pas dire défaite. en faisant preuve de gentillesse, je m'oublie au profit d'un autre : les vieilles morales y auraient vu un signe d'humanité, le monde moderne y reconnaît une incongruité. s'intéresser à la gentillesse suppose donc soit de se soumettre à la raillerie, soit de remettre à sa place le rôle et le mérite de cette notion.
Il ne s'agit donc ni d'être gentil avec la gentillesse ni d'épargner les faiblesses qu'on lui prête habituellement ; il convient seulement de la distinguer en faisant apparaître ses racines, en déroulant ses feuilles et en goûtant son fruit. trop longtemps confondue avec des espèces voisines (niaiserie, mièvrerie, naïveté), la gentillesse est une réalité vivace encore méconnue. Derrière son apparente simplicité se cache en effet une vertu efficace et stratégique aux antipodes des visages qu'on lui prête habituellement. porteuse de valeurs discrètes (la douceur, le bien-être et le réconfort), elle transporte l'homme au-dessus de lui-même et peut modifier substantiellement l'ordre des choses.